27/06/2005
PORTRAIT : Murat Daoudov
Quand Murat Daoudov quitte la Tchétchénie, son pays natal, en 1993, pour aller étudier à l'université d'Istanbul, il ignore qu'il s'agit pratiquement d'un aller sans retour pour l'Occident, et que commence pour lui une autre vie, à la fois très enrichissante et très éprouvante.
En 1994, la guerre éclate en Tchétchénie. Il milite activement contre cette guerre, mais il se voit contraint de quitter la Turquie, en compagnie de sa femme, pour la Belgique où il arrive début 1998 et demande l'asile politique. De la Belgique, il connaît d'abord les centres de réfugiés de la Croix Rouge, où il apprend le français avec des réfugiés rwandais. La famille Daoudov, la première famille tchétchène dans la capitale, s'installe à Bruxelles, où ils se sentent tout de suite " chez eux ", en raison du caractère cosmopolite et multiculturel de la ville.
Très vite, Murat décide de s'impliquer dans la vie associative et sociale. Ayant lui-même réussi à se trouver une place dans notre société, il décide d'aider ceux qui ont plus de difficultés à le faire : il les épaule dans leurs démarches avec l'administration, les CPAS, les hôpitaux, les propriétaires…
Et puis, en 1999, une nouvelle guerre éclate en Tchétchénie, plus violente encore que la première. Mû par le sentiment de solidarité et le devoir d'agir, Murat se bat pour rompre le silence qui entoure ce drame en Europe, et en Belgique en particulier. Ensemble, nous créons le Comité Tchétchénie Belgium, qui sera soutenu par des personnalités du monde politique, culturel, associatif, … et mènera diverses actions pour sensibiliser les dirigeants, les médias et le grand public.
Tout en menant ce combat pour son pays d'origine, Murat continue son intégration dans la société belge.
Après diverses expériences dans la vie associative, il devient le premier membre issu des anciennes républiques soviétiques au sein du Conseil des Bruxellois d'Origine Étrangère, un organe de la Ville de Bruxelles.
Lors du Sommet européen de Laeken de décembre 2001, il est engagé par le Service de la Jeunesse comme chef d'équipe des stewards de la Ville de Bruxelles, chargés d'encadrer les dizaines de milliers de manifestants rassemblés dans les rues de la Ville et de prévenir tout dérapage.
Murat s'investit également dans la vie de son quartier. Il participe activement à la création et à la gestion de l'asbl " Adultes de Quartier-Laeken ". Cette asbl s'organise pour que de petits groupes d'adultes puissent sillonner le quartier à la nuit tombée, pour éviter que les jeunes traînent dans les rues, avec tout ce que cela comporte comme risque de petite délinquance.
La solidarité, la famille de Murat essaie également de la vivre en son sein, au quotidien. Elle s'est en effet proposée comme " famille d'accueil " à Bruxelles, pour recueillir des enfants qui se retrouvent sans abri suite à une situation imprévue (accident des parents, parents alcooliques,…) et à qui il faut trouver une famille d'accueil pour quelques jours, le temps que les autorités compétentes apportent une solution durable au problème.
5 ans à peine après son arrivée en Belgique, dans des conditions difficiles, Murat est un exemple parfait d'intégration réussie. La Belgique lui a beaucoup donné, mais il le lui rend bien. Et son désir de " servir " sa seconde patrie est plus grand encore depuis qu'il a reçu le statut de réfugié politique en décembre dernier, après des années de démarches laborieuses.
(georgesdallemagne.be, février 2003 )
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